Paris - Porte des Lilas

Construit pour partie sur dalle, le jardin satisfait doublement aux exigences de développement durable : d'abord en transformant un environnement source de nuisances ; ensuite, en se conformant aux règles de gestion raisonnée.
L'aménagement de jardins publics sur une partie de la couverture nouvellement construite du boulevard périphérique de Paris, au niveau de la Porte des Lilas, s'inscrit dans le contexte de l'opération de la ZAC du même nom et constitue un élément prépondérant pour la recomposition urbaine du site. Ces jardins qui seront « livrés » au public à la fin de l'année 2010, prennent place sur le secteur nord du projet global, sur une surface d'environ 1,4 ha dont les deux tiers reposent sur des remblais correspondant aux anciens talus du périphérique. Le tiers restant se trouve installé sur dalle, au-dessus des voies de circulation rapide et sur la bretelle latérale de sortie. L'opération sera complétée par un espace central, en lieu et place d'un giratoire, où deux voies de circulation seront aménagées, et par un parvis piéton, sur la partie sud où, par l'intermédiaire d'un emmarchement, les usagers pourront accéder à un espace minéral sur lequel pourront s'installer des cirques.

Des billes d'argile expansée
« Avec une charge admissible de 3,5 t/m2, ce chantier n'est pas tout à fait comme les autres » constate Franck Mathé, paysagiste de l'agence Territoires. Deux types de substrat ont été utilisés sur cette partie de l'aménagement : le premier, conçu à partir d'un remblai terreux classique, a été installé sur un profil « multi toits » et recouvert de 30 cm de terre végétale. Le second, entre la bretelle et la dalle principale, est constitué de billes d'argile expansée sur 1,5 à 2 m d'épaisseur, confiné dans un géotextile et recouvert, là encore, de 30 cm de remblai terreux et de terre végétale. Le drainage de l'ensemble est assuré par un lit de 10 cm, en fond de forme, réalisé à partir de cailloux calcaire 20/80, relié à un drain périphérique.
À l'extrémité de la dalle, on trouve un belvédère maçonné, installé sur de larges semelles, afin de répondre aux contraintes de poids évoquées plus haut. Des contraintes qui ont également eu des répercussions non seulement au niveau des matériels utilisés, mais aussi sur l'impossibilité de stocker sur le chantier des matériaux trop lourds. « Nous avons été obligé d'utiliser des matériels légers auxquels nous n'étions pas habitués, explique Laurent Rubio, conducteur de travaux du Groupe Segex. Nous avons aussi adapté notre méthodologie de travail : pas de stockage de matériaux lourds sur la dalle, mais à l'extérieur de celle-ci, ce qui nécessite une adaptation au niveau des manutentions ». Cela a entraîné environ 10 % de temps supplémentaire sur l'ensemble des opérations.

Flore spontanée
« Au niveau des plantations, il n'y a aucun arbre tige sur la zone centrale de la dalle où, en revanche, une pelouse sera prochainement installée. On en trouve uniquement, sous forme de bosquets, sur les parties latérales de l'aménagement, associée à quelques cépées basses » précise Franck Mathé. Les essences utilisées ici sont soit issues de la flore spontanée qui s'y est développée au fil des ans grâce à leurs capacités naturelles d'adaptation au sol en place, soit « importées » par les auteurs du projet : pins noirs, frênes, érables, robiniers, ailantes, mûriers blancs, cépées de sureaux et autres buissonnants : genêts, pruneliers, sans oublier, bien entendu, quelques... lilas !

Épargner la ressource en eau
Une mare, maçonnée, est également en cours de « fabrication ». Alimentée par un circuit fermé, elle sera équipée de deux passerelles traversantes, le fond de forme étant recouvert d'un film de bentonite. Au niveau de l'arrosage, seule la pelouse bénéficiera d'un système d'irrigation automatique ou semi-automatique. Le reste des végétaux sera arrosé par l'intermédiaire de bouches d'arrivée d'eau, une partie des plantations étant néanmoins pourvue en eau grâce à une installation goutte-à-goutte de surface qui sera démontée au bout de 3 ans. À noter qu'un système de récupération des pluies en provenance des toitures des bâtiments aux alentours permettra d'alimenter l'irrigation du jardin. Elles seront acheminées et stockées dans une citerne de 850 m3 installée en talus du boulevard périphérique, permettant ainsi d'épargner les ressources en eau potable...

FOCUS Fiche technique
Surface totale : 3,8 ha dont 1,4 ha de jardins et 400 m2 de TPC
Longueur de l'aménagement : 400 m
Plantations : pins noirs, frênes, érables, mûriers blancs...
Début du chantier : février 2008
Fin du chantier : octobre 2009 (hors plantations)
Coût de l'opération : 9,5 millions d'euros H.T.
Les intervenants :
Maître d'ouvrage : SEMAVIP
Maître d'œuvre : Territoires (paysagiste mandataire)
Entreprises : Groupe Segex (terrassement, VRD, gros œuvre, espaces verts)
Électricité : Satelec
Serrurerie : Environnement Services
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